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Maroc: Essaouira célèbre la reconnaissance de la musique gnaouie par l’Unesco

Dès sa naissance, le Festival Gnaoua d’Essaouira a fait jouer la ville dans la cour des grands

Figures acrobatiques, musique lancinante et costumes multicolores: des dizaines d’artistes ont défilé samedi au rythme de leurs tambours et castagnettes dans les rues d’Essaouira, pour célébrer l’inscription de la musique gnaoua au patrimoine immatériel de l’Unesco.

La reconnaissance officielle de l’Unesco, annoncée jeudi, est «une consécration de l’engagement pionnier d’Essaouira pour la sauvegarde de cet art», s’est félicité André Azoulay, conseiller de S.M le Roi Mohammed VI et président de «Essaouira Mogador», association très active ayant fait de la culture un vecteur de développement de la ville. «Il s’agit d’une magnifique consécration pour les Gnaoua de tout le Maroc dont l’histoire, les musiques et les rituels sont désormais inscrits au patrimoine immatériel de l’Unesco», a-t-il souligné.

Pour sa part, Maâlem Mokhtar Gania, un des maîtres de l’art gnaoua, s’est dit très fier de cette consécration. «Notre but est de faire connaître cette musique au monde entier. C’est une culture riche dont il faut préserver la magie», a déclaré au micro de l’AFP celui dont le père et le grand-père étaient déjà des figures emblématiques de cette musique perpétuée au Maroc par les descendants d’anciens esclaves venus d’Afrique subsaharienne.

Carrefour de plusieurs civilisations, l’ancienne Mogador est le berceau de la culture traditionnelle gnaoua. C’est dans cette citadelle bleue et blanche, au bord de l’Atlantique, qu’est organisé depuis 1997 le Festival de musique gnaoua qui attire des flots de fans du monde entier chaque été. «Dès sa naissance, le festival a fait jouer Essaouira dans la cour des grands», estime André Azoulay.

Portés par la force de leurs rythmes, les maâlems (maîtres) de l’art gnaoua ont commencé à enregistrer avec les plus grands noms du jazz dès le début des années 1970. Mais avant le Festival d’Essaouira, «cette culture reconnue par des grands noms de la scène musicale mondiale n’avait pas la place qu’elle méritait dans l’imaginaire populaire marocain», explique Neila Tazi, productrice de l’événement, dans une déclaration à Libé. Et d’ajouter : «Aujourd’hui, cette consécration est une belle démonstration de nos grands talents. Une telle reconnaissance nous encourage à nous approprier notre mémoire commune et notre patrimoine culturel et à les valoriser». Autrefois cantonnée aux “lilas”, nom donné à des veillées de transe aux rituels ésotériques réservés aux initiés, la culture gnaoua trouve désormais un écho dans le monde entier. Le rendez-vous musical d’Essaouira, qui propose d’étonnants métissages musicaux avec les musiques latines et africaines, a d’ailleurs vu défiler des têtes d’affiche, comme les jazzmen Pat Metheny, Didier Lockwood ou Marcus Miller, venus se produire avec les plus célèbres maîtres de la musique gnaoua.

Toujours selon Neila Tazi, la préservation de ce patrimoine culturel immatériel est la garantie de sa transmission aux générations futures. «Il sera préservé dans sa dimension authentique mais aussi recréé en permanence. Cette reconnaissance est essentielle car elle engage l’Etat et les parties concernées à adopter des politiques et établir des institutions pour gérer le patrimoine et le promouvoir, à encourager la recherche et à prendre des mesures de sauvegarde appropriées», conclut-elle.

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